Objectif (Bible BSG)

Battlestar Galactica
Science-fiction naturaliste

 

Notre objectif n’est rien moins que la réinvention des séries télévisées de science fiction.

Nous considérons comme un fait établi qu’un space-opéra traditionnel – avec ses personnages stéréotypés, son langage technique, ses aliens à tête bosselée, ses comédiens mélodramatiques et son héroïsme creux – est essoufflé et qu’une nouvelle approche est nécessaire : il faut introduire du réalisme dans un genre qui s’est jusqu’à présent défini par son côté absolument irréaliste.

Appelons cette approche « Science-fiction naturaliste. »

Cette idée, la présentation d’une situation fantastique en termes réalistes, se retrouvera dans tous les aspects de la série.

 

Visuel.

La première chose qui doit sauter aux yeux c’est l’utilisation dynamique de la manière de filmer documentaire ou cinématographique. Grâce à l’utilisation de caméras portatives, d’éclairages et de mobiliers de plateau fonctionnels le Battlestar Galactica se ressentirait, à tous les niveaux, comme un endroit réel.

L'ambiance et l’apparence de ce vaisseau ne peuvent pas être exagérées. Nous voulons créer une série qui ne ressemble en rien à tout ce qui s’est fait auparavant en matière de série télévisée de science-fiction. Un téléspectateur occasionnel pourrait penser un instant qu’il est tombé par erreur sur un documentaire concernant la vie à bord d’un porte-avion jusqu’à ce que quelqu’un se mette à parler de cylon ou de vaisseau spatial.

Cela ne signifie pas que nous allons faire des prises sur des cassettes vidéos sous des néons, mais nous ferons un véritable effort de vraisemblance, qui manque terriblement dans quasiment toutes les autres séries de science fiction. Nous recherchons un effet réel, pas de « jolies images » retravaillées pour faire « plus cool ».

Peut-être que rien ne sera plus surprenant que le travail visuel. Nous filmerons notre vaisseau comme un  véritable navire, et il faudra que quelqu’un sorte pour réellement le filmer de l’extérieur. Cela signifie pas de prise de vue héroïque en 3D avec panoramique et zoom qui se font par clic de souris. Avant de créer n’importe quel effet visuel, nous allons nous poser des questions du style « Comment est-ce que cette prise a été faite ? Où se trouve la caméra ? Qui la tenait ? Est-ce que le caméraman se trouve dans un autre vaisseau ? Cette caméra se trouve-t-elle sur l’aile ? » De cette manière nous allons créer des images qui vont présenter à une audience blasée et ennuyée du continuel même vieux « Wahou c’est une séquence d’effets spéciaux »  une texture et un langage cinématique différent qui l’obligera à réévaluer ses notions de science fiction.

Notre style visuel tire également avantage des possibilités inhérentes au concept même de la série : utiliser une imagerie différente de celle habituelle du genre. Cela signifie l’intégration d’une grande variété de vaisseaux civils, chacun ayant des propriétés et des références visuelles uniques qui formeront un véritable contraste avec la vie militaire du Galactica. Par exemple, nous avons un vaisseau dans notre flotte hétérogène qui a été conçu pour être un environnement urbain, où l’on puisse sortir, un peu selon le modèle d’une rue commerçante. La juxtaposition de ces atmosphères huppé et sexy et du réalisme agressif d’une histoire où se joue la survie de l’espèce nous donnera plus de texture et de niveaux d’écriture sur lesquels jouer.

 

Structure.

Notre style évitera les montages rapides à la MTV, aujourd’hui devenus clichés du genre, mais également le schéma lourd et plombant à la Star Trek du « vue générale, focus sur deux personnages, gros plan sur un personnage, retour à la prise générale. » S’il y a un modèle structurel ici, il serait plutôt à chercher dans une lointaine influence Hitchcockienne – dans la manière de construire le suspense et la tension dramatique par l’usage de prises rallongées et de longues vue générales qui plongent l’auditoire dans la réalité de l’action au lieu de la réduire par des montages trop visibles.

 

Histoires.

Nous éviterons les histoires habituelles d’univers parallèles, voyages dans le temps, contrôle de la pensée, jumeaux diaboliques, pouvoir divins ou autres clichés du genre. Notre série est avant tout un drama. Elle parle de personnages. Des personnages réalistes auxquels le public peut s’identifier et par lesquels il va se sentir touché. Ce n’est pas une série à propos de matériel informatique ou de civilisations extra-terrestres. C’est une série à propos de nous. C’est une allégorie de notre propre société, de notre propre population et cela doit être immédiatement reconnu comme tel par n’importe quel téléspectateur.

 

Sciences.

Nos vaisseaux spatiaux ne font pas de bruit, car il n’y a pas de bruit dans l’espace. Le son viendra de l’intérieur des vaisseaux – le vrombissement d’un moteur audible par le pilote par exemple. Nos vipers ne sont pas des avions, et ils ne seront pas régis par les conventions des combats aériens de la seconde guerre mondiale.

La vitesse de la lumière est une loi physique que nous ne violerons pas.

 

Personnages.

C’est peut-être là que se situe la plus grande démarcation d’avec les normes de la science-fiction. Nous n’avons pas « le type arrogant », « celui qui parle trop vite », « le cerveau », « l’extraterrestre bizarre qui sert d’assistant » ou tout autre personnage populaire caractéristique des séries spatiales.

Nos personnages sont des êtres humains qui vivent, respirent et possèdent toute la complexité émotionnelle et toutes les contradictions internes des personnages de grands dramas, comme par exemple « The West Wing » ou « Les Sopranos ». De cette manière nous espérons amener notre public vers des horizons inexplorés par les autres séries du genre. Nous voulons que le public perçoive les personnages du Galactica comme des personnes. Nos personnages ne sont pas des super héros. Ils ne sont pas une élite. Ce sont des gens comme tout le monde qui se sont vus pris dans un immense cataclysme et qui essayent de survivre comme ils le peuvent.

Ils sont vous et moi.